Cancer et parentalité solo : quand la vie ne fait pas de pause
- Marie Garaud
- 18 oct.
- 8 min de lecture

Chaque année, Octobre Rose met en lumière la prévention et le dépistage du cancer du sein. Chez Team’Parents, nous avons décidé d’en profiter pour donner la parole à celles qui ont traversé la maladie tout en portant seules leur famille. Parce que derrière les campagnes de sensibilisation, il y a des réalités invisibles, des femmes qui continuent d’avancer, sans relais et sans mode pause.
Cette maman solo a découvert un cancer du col de l’utérus alors qu’elle réorganisait sa vie familiale. Son récit parle de lucidité et d’organisation concrète : ce que le soin ne prend pas toujours en charge, et ce que le quotidien exige quand on élève seule ses enfants.
Tout avait commencé par un contrôle de routine. « C’était dans le frottis de contrôle annuel. Il y a eu un premier résultat positif, mais ma gynécologue m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu’il fallait simplement faire une deuxième analyse. » Quelques jours plus tard, un courrier arrive. Pas un appel, pas une explication. « Le courrier indiquait que j’étais en stade 5 et qu’il fallait prendre urgemment rendez-vous. » Elle relit plusieurs fois sans comprendre. « Tu vas chercher sur Internet, et là, tu vois le pire du pire. »
À ce moment-là, elle était séparée depuis six mois. « Je me suis dit : bon, de toute façon, je suis déjà dans la merde par ailleurs… ça fait une chose de plus. » Pas de place pour les effets de manche : il faut continuer d’avancer.
L’opération est planifiée très vite. « J’ai tout de suite appelé pour avoir une opération. Ça a été fait dans les quinze jours. » Sur le papier, on lui parle d’un acte simple, “ambulatoire”. En réalité, la suite est éprouvante. « C’est ta peau qui se reconstruit seule. Tu dois changer les pansements régulièrement, c’est douloureux et long. » Elle raconte la fatigue, les saignements, la douleur constante. « Tu perds énormément de sang pendant toute cette période. Donc forcément, tu es fatiguée. »
Malgré tout, elle retourne au travail presque aussitôt. « J’ai été opérée un vendredi. J’avais juste un arrêt pour le jour de l’opération. Tant que tu tiens debout, on considère que tu vas bien. » Pas de convalescence, pas de relais.
Pendant tout ce temps, elle ne dit rien aux enfants. « C’était trop compliqué pour les petits. Pour moi, je voyais un peu ça comme une verrue : tu l’enlèves, et ça va passer. » Elle garde pour elle ce qu’elle traverse. « On nous dit toujours qu’il faut tout gérer. » Avec le recul, elle précise : « Si j’avais su ce qui m’attendait, je me serais organisée pour être plus épaulée. Mais comme je ne savais pas et qu’on ne m’a pas prévenue, j’ai tout pris sur moi. »
Ce qui l’a marquée n’est pas la compétence médicale, mais le manque d’informations concrètes autour de la vie réelle. « En termes de communication, ils sont trop succincts. » Elle parle d’un retour à la maison sans préparation pratique. « Qui va faire à manger ? Qui va faire les courses ? » Elle décrit aussi la sortie d’hôpital en mode “débrouille”. « Je suis sortie seule de la clinique. Je n’ai pas pu faire dix mètres, je voyais les étoiles. »
Le suivi se poursuit. « Maintenant, j’ai un suivi semestriel. À chaque fois que j’ai un résultat positif, ça me stresse. C’est plus : “Ah non, pas encore, fais chier.” » Pour autant, elle refuse qu’on dramatise ce qu’elle a vécu. « La médecine est efficace, je lui fais confiance. » Le cœur de son message tient à l’anticipation : « Prépare-toi à ne pas pouvoir bouger pendant une semaine, voire quinze jours. » Et à la prévention : « Le frottis, c’est le minimum tous les deux ans. »
Ce qu’il faut retenir : le dépistage permet d’agir tôt ; l’intervention peut être rapide et efficace ; mais l’après doit s’anticiper. Quand on est parent solo, prévoir quelques jours de relais, externaliser des tâches (repas, trajets, courses), prévenir l’école et l’employeur peut vraiment changer la donne. Parler tôt à un ou deux proches de confiance et poser, sans s’excuser, une demande d’aide précise, c’est souvent ce qui évite l’épuisement.
Ce témoignage rappelle une chose essentielle : le courage, ce n’est pas de tout gérer seule. C’est de continuer à avancer, même quand le corps dit stop, même quand il n’y a personne pour prendre le relais. Derrière chaque diagnostic, il y a une organisation à repenser, une charge à déléguer, une parole à libérer. Et si la médecine soigne le corps, c’est souvent le lien, la parole et la solidarité qui permettent de se reconstruire.
Chez Team’Parents, on veut que ces récits servent à ça : à briser le silence, à mieux comprendre, à mieux s’équiper. Parce-qu’aucune femme ne devrait traverser la maladie seule, et qu’il existe toujours des appuis, même quand on ne les voit pas encore.
Un immense merci à cette maman pour sa confiance et sa générosité.
Partager une expérience aussi intime, c’est offrir à d’autres femmes la possibilité de se sentir moins seules, mieux préparées, et peut-être un peu plus fortes.
Le cancer du col de l’utérus, un cancer encore trop invisible
Le cancer du col de l’utérus touche environ 3 000 femmes par an en France. Grâce au dépistage, il peut être détecté très tôt et traité efficacement, souvent sans atteinte des organes voisins. Pourtant, il reste moins connu et moins médiatisé que le cancer du sein.
Contrairement aux idées reçues, il ne concerne pas uniquement les femmes jeunes, ni celles sans suivi médical. Dans 90 % des cas, il est lié à une infection persistante par un papillomavirus (HPV).
Le vaccin HPV, recommandé chez les filles et les garçons dès 11 ans, protège contre les formes les plus graves.
Ce qui sauve des vies, c’est la régularité :
Frottis de dépistage tous les 3 ans entre 25 et 65 ans (ou test HPV selon l’âge).
Consultation dès un saignement anormal, une douleur ou un résultat incertain.
Suivi post-opératoire rigoureux, même en cas de guérison complète : le risque de récidive existe, surtout sans contrôle régulier.
Des applis qui soutiennent, informent et relient
Quand la maladie surgit, le quotidien continue. Les repas, les trajets, les devoirs, les rendez-vous médicaux… Pour celles qui élèvent seules leurs enfants, la charge devient souvent insupportable. Certaines applications ont justement été pensées pour alléger cette charge et rompre l’isolement. Elles ne remplacent pas le soin, mais elles peuvent aider à respirer un peu.
Quatre Février
Pensée par d’anciennes patientes, cette application web permet de centraliser les rendez-vous, documents et informations médicales et de les partager avec un cercle restreint de proches.
L’idée : ne plus être la “secrétaire de sa propre maladie”. On peut déléguer, informer, sans avoir à répéter dix fois les mêmes choses.
C’est aussi un espace pour se sentir moins seule, entourée, même à distance.
RoseApp (RoseUp Association)
Développée par le collectif RoseUp, RoseApp aide à demander de l’aide concrète à ses proches : un repas à préparer, une course à faire, un trajet d’école à assurer.
On y planifie le quotidien sans avoir à tout coordonner soi-même.
Une manière douce de mobiliser l’entourage, sans culpabilité ni gêne.
Résilience
Une appli française qui accompagne les patients pendant et après les traitements.
Elle aide à comprendre les effets secondaires, à suivre les symptômes, et à recevoir des conseils personnalisés.
L’objectif : permettre à chacun de mieux comprendre ce qui se passe dans son corps, pour ne plus subir.
Mon Réseau Cancer Gynéco
C’est l’une des rares plateformes à parler directement aux femmes concernées par les cancers gynécologiques.
On y trouve un espace d’échange sécurisé entre patientes, des témoignages, des réponses de soignants et des ressources pratiques.
Pour beaucoup, c’est le seul endroit où elles se sentent comprises sans devoir tout expliquer.
Jinko
Cette initiative française propose un accompagnement humain, personnalisé, pour aider à gérer les démarches médicales, administratives et sociales pendant le traitement.
Un vrai soutien de coordination quand tout s’emmêle et que l’énergie manque.
Groupes de parole et communautés pour sortir de l’isolement
RoseUp Association – Maisons Rose (Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille)
Lieux d’accueil gratuits, soins de support, coaching professionnel, groupes d’échanges entre femmes, ateliers bien-être.
Ligue contre le cancer
Groupes de parole dans chaque comité départemental (psychologues, bénévoles formés, permanences gratuites).
Contact via le numéro national : 0 810 111 101.
Mon Réseau Cancer Gynéco – Forum & visios
Espaces d’échange modérés par des soignants. Discussions anonymes, réunions à thème (“vie de femme après opération”, “sexualité et confiance en soi”).
Cancer Contribution
Plateforme citoyenne qui donne la parole aux patientes pour témoigner, poser des questions et co-construire des recommandations santé.
Facebook : “Vivre après un cancer gynéco”
Groupe privé de plus de 4 000 femmes, modéré par des bénévoles issues de la communauté RoseUp.
Recherche : Vivre après un cancer gynéco.
Ressources et soutiens par région
Île-de-France
Ligue contre le cancer – Comité de Paris
89, rue Damrémont, 75018 Paris – 01 45 00 00 45
Groupes de parole, aide sociale, soutien psychologique, ateliers bien-être.
Maison Rose Paris (RoseUp Association)
9 rue Guy-Môquet, 75017 Paris – 01 87 44 00 40
Accueil gratuit des femmes touchées par le cancer : ateliers, soins de support, accompagnement emploi.
Les Maisons des 1000 premiers jours / CAF Paris / PMI locales
Orientation vers aides à domicile temporaires pour parents malades ou isolés.
Contacter la PMI de secteur ou paris.fr/familles.
Auvergne-Rhône-Alpes
Ligue contre le cancer – Comité Rhône-Métropole de Lyon
25 rue Camille-Roy, 69007 Lyon – 04 78 24 14 74
Permanences sociales et ateliers “Retour au travail après maladie”.
Maison Rose Lyon (RoseUp Association)
10 rue du Griffon, 69001 Lyon – 04 37 50 29 80
Soins de support gratuits, groupes de parole et espace enfants.
Mon Réseau Cancer Gynéco – Antenne Lyon / CHU Lyon Sud
Plateforme d’échanges patientes/médecins : monreseau-cancerducol.fr
Nouvelle-Aquitaine
Ligue contre le cancer – Comité de Gironde
3 rue Georges-Bonnac, 33000 Bordeaux – 05 56 33 33 00
Accompagnement social, esthéticienne, psychologue, ateliers nutrition.
Maison Rose Bordeaux (RoseUp Association)
9 rue de Condé, 33000 Bordeaux – 05 57 99 40 24
Espace d’accueil dédié aux femmes touchées par un cancer.
Aide aux familles monoparentales – CAF de Gironde
Possibilité de prise en charge d’heures d’aide à domicile ponctuelles pour raison médicale.
Occitanie
Ligue contre le cancer – Comité Haute-Garonne
5 rue Saint-Pantaléon, 31000 Toulouse – 05 61 73 57 57
Soutien psychologique, activités physiques adaptées, prêt de matériel médical.
Réseau Onco-Occitanie
Coordination des parcours de soins et orientation vers les aides locales.
Maisons des familles / PMI Toulouse Métropole
Orientation vers les aides parentales et dispositifs de répit.
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Ligue contre le cancer – Comité des Bouches-du-Rhône
10 boulevard Jeanne-d’Arc, 13005 Marseille – 04 91 22 33 33
Ateliers d’expression, relaxation, accompagnement au retour à l’emploi.
CHU Marseille – Service d’oncologie gynécologique
Accompagnement médico-psycho-social pour femmes seules ou précaires.
Maison Rose Marseille (ouverte depuis 2024)
Accueil gratuit, ateliers, coaching pro, soins esthétiques.
Hauts-de-France
Ligue contre le cancer – Comité du Nord
25 rue de la Barre, 59800 Lille – 03 20 54 22 22
Accompagnement à domicile, soutien familial, médiation scolaire.
Maison Rose Lille (RoseUp Association, ouverture prévue 2025)
Information et accompagnement via la plateforme en ligne.
Centres sociaux / CAF du Nord
Dispositifs d’aide parentale en cas d’hospitalisation ou incapacité temporaire.
Grand Est
Ligue contre le cancer – Comité Bas-Rhin
1 rue de Londres, 67300 Schiltigheim – 03 88 22 45 45
Accompagnement psychologique, ateliers de reprise d’activité.
Onco-Grand Est
Orientation vers les aides sociales, soins de support et associations partenaires.
Bretagne
Ligue contre le cancer – Comité d’Ille-et-Vilaine
1 rue Saint-Hélier, 35000 Rennes – 02 99 30 45 50
Soutien psychologique, espace d’accueil pour femmes en reprise d’activité.
OncoBretagne
Réseau régional de cancérologie – orientation, suivi, ressources sociales.
Normandie
Ligue contre le cancer – Comité Calvados
2 rue Saint-Manvieu, 14000 Caen – 02 31 83 64 64
Permanences juridiques, psychologues, groupes de parole.
Réseau Onco-Normand
Aide à l’organisation du suivi, orientation vers services sociaux.
Pays de la Loire
Ligue contre le cancer – Comité Loire-Atlantique
84 rue des Hauts Pavés, 44000 Nantes – 02 40 89 00 44
Soutien administratif, psychologique et aide à domicile temporaire.
Maison Rose Nantes (en projet)
Suivi à distance via les ateliers en ligne RoseUp.
Centre-Val de Loire
Ligue contre le cancer – Comité du Loiret
47 rue du Faubourg-Bannier, 45000 Orléans – 02 38 53 00 35
Aides financières ponctuelles, écoute, accompagnement social.
Bourgogne-Franche-Comté
Ligue contre le cancer – Comité Doubs
9 rue Pergaud, 25000 Besançon – 03 81 80 25 25
Suivi post-traitement, ateliers nutrition et reprise du sport.
Corse
Ligue contre le cancer – Comité de Corse-du-Sud
10 boulevard Pascal-Rossini, 20000 Ajaccio – 04 95 21 10 34
Soutien psychologique et social, orientation médicale.



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